DOJO SKAT

Shodokan Karaté Do Arts et Traditions

Dojo Skat, 28 Rue de la Maurelle, 13013 Marseille

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Le Kobudo

Petite histoire du Kobudo

Suite à l'occupation d'Okinawa par les japonais et l'interdiction totale de posséder des armes, les habitants créèrent tout un arsenal d'armes improvisées à partir des outils et des instruments agraires. Au fil des temps ces arts de défense furent maintenus à Okinawa, tel le feu qui couve sous la cendre, grâce à une pratique secrète, le plus souvent de nuit.

A cette époque, les relations de Maître et disciple étaient très intimes et l'entraînement très rigoureux se pratiquait d'une manière très réaliste, avec l'idée de vie ou de mort toujours présente. Petit à petit des individualités plus douées que d'autres sortirent de la masse des pratiquants pour devenir à leur tour des Maîtres. Deux de ces Maîtres ont marqué l'histoire du Kobudo, il s'agit de Maître Moden YABIKU et de Maître Shinko MATAYOSHI, ce sont ces derniers qui firent la synthèse et codifièrent l'enseignement du Kobudo, lui permettant, ainsi, de se transmettre, de génération en génération, jusqu'à nos jours. Le Kobudo est un art à part entière, un tout en soi, un système complet et varié, indépendant du karaté. Il nécessite un travail des bases et la maîtrise de katas spécifiquement créés pour le Kobudo. Voilà pourquoi il n'est pas exact de considérer la pratique des armes d'Okinawa comme une sorte de prolongement de l'étude du Karaté même si les bases de cet art se retrouvent dans une certaine mesure dans le Kobudo et que de nombreux pratiquant de Karaté à Okinawa pratique également les Kobudo. C'est également la raison pour laquelle il n'est pas exact non plus de travailler les katas du Karaté avec des armes, les katas du Kobudo sont beaucoup plus appropriés. A la différence du Karaté, l'apprentissage du Kobudo peut-être très dangereux. Il exige une parfaite maîtrise du corps ainsi que des armes, qui doivent en devenir une partie inséparable.

L'originalité des Kobudo d'Okinawa réside dans la synthèse qui en a été faite et dans l'état d'esprit qui présidait à leur emploi. Il n'y eut qu'à Okinawa que ces techniques furent développées avec une telle intensité et un tel degré de détails. Ils sont réellement le reflet à la fois des possibilités physiques et des dispositions mentales de tout un peuple de paysans et de pêcheurs perpétuellement menacé, motivé par une farouche volonté d'indépendance et favorisé par l'habitude de résoudre avec astuce les problèmes posés par une existence difficile. La traduction littérale du mot Kobudo signifie : art martial ancien ; mais on peut aussi le traduire comme : art du comportement spirituel vis-à-vis du combat.

Les armes du Kobudo

Le Bo

Le bâton (Bo ou Kon) est l'arme la plus ancienne et la plus évidente. A l'origine, il était surtout utilisé comme instrument de travail par les cultivateurs, marchands, artisans. Ils s'en servaient comme balancier pour transporter de lourdes charges sur leurs épaules ou pour la marche. Il est donc devenu tout naturellement également leur arme de défense. Le véritable Bo d'Okinawa est plus épais en son centre et va en s'amincissant aux extrémités, ce qui lui permet d'être plus équilibré et plus pénétrant dans les coup d'estoc. Il constitue l'arme de base du Kobudo, celle que l'on étudie en premier et que l'on travaille toute sa vie. C'est l'arme du Kobudo qui possède le plus de techniques et de Katas. Les principaux katas sont : Bo-Kiso-Ichi, Bo-Kiso-Ni, Shushi-No-Kon, Choun-No-Kon, Sakugawa-No-Kon, Chikin-Bo (Tsuken-No-Kon), Shishi-No-Kon. Les katas, Bo Kiso Ichi et Bo Kiso Ni sont des katas d'étude créés par Senseï Oshiro. Les autres katas sont les katas traditionnels d'Okinawa tels qu'ils sont enseignés dans le Dojo de Maître Matayoshi.

Le Saï

Ce trident en métal a une longue histoire ; on en trouve des ébauches et des formes très voisines dans de nombreux pays du Sud-Est asiatique, notamment en Chine, en Inde, en Indonésie. On pense que des marins de Sumatra ou de Java en ont introduit l'usage dans les Ryu-Kyu. Il était utilisé durant les siècles passés par les policiers d'Okinawa. Le Sai est une sorte de dague dont la “ lame ” est représentée par une tige de fer de section légèrement conique, et encadrée par une large garde à deux branches pointues et recourbées vers l'avant. La lame du Sai d'Okinawa est de section octogonale. Il existe diverses formes de gardes de Sai, plus ou moins ouvertes ou recourbées. Seul le manche de l'instrument est entouré d'une corde ou d'un bandeau torsadé (tissu ou cuir) pour assurer une meilleure saisie. Le Sai s'utilise par paires, placées le long des avant-bras. Cependant, (et cela apparaît encore dans certains katas) le combattant pouvait disposer en plus d'un troisième et d'un quatrième Sai, passés dans la ceinture, au milieu du dos, qu'il pouvait lancer en direction de l'adversaire ou avec lequel il pouvait remplacer un Sai brisé au cours d'un combat. Très bien équilibré, le Sai est utilisé pour bloquer, dévier des armes tranchantes, soit de la lame soit de la garde ; on attaque en frappant comme avec un sabre, en crochetant avec la garde ou en piquant de la pointe ou du pommeau. La garde et la lame octogonale permettent également de capturer l'arme adverse par un mouvement de torsion du poignet, une fois qu'elle est engagée. Son étude implique un important travail des poignets en torsion, lequel nécessite des exercices de préparation et d'assouplissement spécifiques. Dans la progression du Kobudo le Sai est l'arme que l'on étudie en second. les principaux katas sont : Sai-Kiso-Ichi, Matayoshi-No-Sai-Dai-Ichi, Matayoshi-No-Sai-Dai-Ni, Chinbaru-No-Sai. Comme pour le Bo le Kata, Sai-kiso-Ichi est un kata d'étude créé par Senseï Oshiro, les autres katas étant les katas traditionnels d'Okinawa.

Le Tonfa

Son véritable nom à Okinawa est TUNKUWA, littéralement “ l'instrument pour pendre la marmite ”. C'est un manche en bois dur, long d'environ 50 cm, pesant environ 1 kg et dont aux trois quarts de sa longueur est plantée perpendiculairement une poignée cylindrique. Il existe différents modèles de Tonfa de section ronde, trapézoïdale ou carrée. Le Tonfa s'utilise généralement par paire, solidement maintenus le long du tranchant extérieur de chacun de ses avant-bras. La pratique requiert beaucoup de concentration, d'équilibre général du corps, de force et de souplesse dans les poignets. L'allonge supplémentaire qu'il procure, alliée à des mouvements circulaires, en font une arme redoutable, aussi bien défensive qu'offensive. C'est d'ailleurs un modèle de Tonfa qui équipe les policiers Américains ainsi que beaucoup d'unités de sécurité en France. Dans la progression du Kobudo le Tonfa est la troisième arme étudiée. Les principaux katas sont : Tonfa-Kiso-Ichi, Matayoshi-No-Tonfa-Dai-Ichi, Matayoshi-No-Tonfa-Dai-Ni. Comme pour le Sai le kata Tonfa-Kiso-Ichi est un kata d'étude créé par Senseï Oshiro.

Le Nunchaku

On ne connaît pas avec certitude l'origine du Nunchaku : mors de cheval ou plus probablement fléau à riz. L'instrument est un modèle de simplicité : il suffit de deux morceaux de bois reliés par une corde pour obtenir une arme terrible. Le modèle de base du fléau se compose de deux morceaux de bois dur, d'égale longueur (chaque branche a de 30 à 60 cm, en fonction de la longueur de l'avant-bras de celui qui l'utilise : la longueur idéale va du milieu de la main à la pointe du coude), légèrement évasés aux extrémités libres pour en renforcer la densité, et reliés par une cordelette, à l'origine faite de crin de cheval ou de paille de riz tressée, parfois remplacée par une chaînette pour éviter que le lien ne soit coupé par une arme tranchante. La longueur de cette attache est d'environ 10 cm : plus longue, les mouvements deviennent dangereux pour celui qui utilise le nunchaku (en raison de l'amplitude trop grande), plus courte elle permet moins de liberté dans le maniement, rétrécit le rayon d'action de l'arme et s'use plus rapidement. Ci-contre un mors de cheval utilisé sur l'île d'Okinawa considéré comme un des ancêtres possible du nuchaku. Le nunchaku sert aussi bien à la défense qu'à l'attaque. L'expert en nunchaku est un adversaire particulièrement redoutable par l'allonge, la force et la précision exceptionnelles de son arme. C'est également une arme à la fois très technique et dangereuse à manier, c'est pour cela que dans la progression traditionnelle du Kobudo d'Okinawa l'étude de cette arme se situe en quatrième position. les principaux katas sont : Matayoshi-No-Nunchaku-Dai-Ichi, Matayoshi-No-Nunchaku-Dai-Ni.

L'Eiku

C'est la rame des pêcheurs qui l'utilisait également pour leur défense personnelle. Ses techniques se rapprochent de celles du Bo, avec une préférence pour les mouvements tranchants. Un coup porté par la partie tranchante de la rame est si puissant que la peau de l'adversaire en est automatiquement coupée. C'est la cinquième arme étudiée dans l'enseignement du kobudo d'Okinawa Il n'y a qu'un seul kata : Chikin-Hakashu-no-Eiku-di. Ce kata était le kata favori de Maître Shinpo MATAYOSHI.






Le SANTSETSUKON

C'est un nunchaku à trois branches d'égale longueur reliés par une chaîne dont l'origine est chinoise. De part sa longueur et la force centrifuge générée son maniement est à la fois difficile et très dangereux. Il faut des années pour parvenir à s'en servir adroitement. C'est l'arme qui est étudiée en sixième position et son étude n'est pas entreprise avant le grade de 3e dan. Il n'y a qu'un seul kata : Hakuho.


Le Nunti

le Nunti est constitué d'un Manji-sai planté par une extrémité à la pointe d'un bâton. De cette façon, il devient une lance à l'efficacité redoutable. On peut ainsi piquer avec le Sai, crocheter avec la garde, et frapper avec le manche. Dans la progression de l'enseignement du kobudo, la pratique du Nunti est enseignée en septième position, à partir du 3e dan. Il y a qu'un seul Kata : Nunti Kata.



Le Manji-Sai

Le Manji-Sai ressemble au Sai, mais ne comporte pas de manche ; il peut être symétrique. Sa garde est en forme de « S ». Le Manji-Sai, lorsqu'il est utilisé indépendamment du Nunti, s'utilise par paire, passée à la ceinture, dans le dos. C'est alors une arme de lancer. Dans la progression de l'enseignement du kobudo, la pratique du Manji-sai est enseignée conjointement à celle du Nunti en septième position, à partir du 3e dan. Il n'y a pas de kata spécifique pour cette arme.

Le Kama

C'est la faucille, au manche court, utilisée de nos jours encore, Pour la moisson. En Kobudo, l'instrument est le même que celui dont se sert le paysan ; aucune adaptation n'a été nécessaire. Cette arme terrible s'emploie généralement par paire. Afin de ne pas risquer de perdre un manche au cours d'une action rapide, ou pour en allonger le rayon d'action, il peut se pratiquer avec des lanières, sorte de dragonnes passant par les manches et reliées aux poignets : l'art consiste alors à lâcher l'arme au cours d'un mouvement, pour la reprendre aussitôt dès que, maintenue par la corde, elle revient rapidement en arrière ou tourne autour du poignet grâce à la force centrifuge développée. On conçoit que le maniement de cette arme, très dangereuse même pour celui qui s'en sert, ne soit étudiée qu'en huitième position et ne soit pas abordée avant le 4e dan. Il n'y a également qu'un seul kata pour cette arme : Kama-no-Ti.

Le TIMBEI (ou CHIMBEI), le SEIRYUTO et le ROCHIN

Le Timbei est un bouclier fait à l'origine avec une carapace de tortue, mais à notre époque il est plutôt en acier ou en aluminium (plus léger). Dans ce dernier cas le diamètre est d'environ 45 cm. Dans la partie interne du Timbei sont fixées une poignée, en bois, et une lanière, pour passer le bras. Le Seiryuto est une machette. Le manche est en bois et la lame en acier. Sa longueur est de 60 cm. Ces deux armes sont utilisées conjointement. Le Timbei est tenu de la main gauche (pour un droitier). Il sert non seulement à se protéger mais également à frapper ou pousser l'adversaire, voire même effectuer une roulade vers l'avant pour esquiver un coup ou surprendre l'ennemi. Dans la progression, le Timbei et le Seiryuto, sont des armes étudiés en neuvième position. Elles ne sont enseignées qu'à partir du 4e Dan. Il n'y a qu'un seul kata : Timbei no kata. Le Rochin est une sorte de pique (il y a plusieurs modèles) qui s'utilise également avec le Timbei. Il n'y a pas de kata spécifique pour cette arme.

La Kuwa

La Kuwa ou Kue est un instrument agricole ; c'est la houe avec laquelle les paysans grattent la terre. Elle n'a pas été transformée. Elle est utilisée telle quelle. Le maniement de cette arme est difficile ; non seulement à cause de son poids mais surtout à cause de son important déséquilibre. Elle n'est étudiée qu'à partir du 5e Dan. C'est la dixième arme dans la progression du Kobudo traditionnel d'Okinawa. Il n'y a qu'un seul kata : Kue nuti.



Le Suruchin

Le Suruchin est constitué d'une longue corde avec un lest à chaque extrémité. Une variante du Suruchin, le Kusari, est formé d'une longue chaîne pouvant atteindre 4 m de long. Le Kusari, entouré autour du bras, constituait une protection efficace contre les armes tranchantes. Utilisé comme un lasso, il permettait d'attraper l'ennemi, en l'étranglant si le cou était la cible ou en le désarmant si c'était l'arme ou le bras qui était visé. Le Suruchin est la onzième arme. Elle n'est étudiée qu'à partir du 5e Dan. Il n'y a qu'un seul kata : Suruchin no kata.

Le Tekkon

Le Tekkon est une sorte de poing américain (certainement son ancêtre) on l'utilise seul ou par paire. Il n'y a pas de kata spécifique à cette arme.



Sources bibliographiques: Okinawa Goju-ryu Shodokan Europe, O.G.S.E.
Photos : 1) Maître Matayoshi. 2) Photos d'armes : © OGSE. 3) Christian Tammaro, exécutant un kata de nunchaku

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